Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, Ville d’Art et d’Histoire classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Une terre hybride de relations étroites avec les britanniques, premiers touristes locaux au 19e siècle. Une ville qui a bravé tempêtes et naufrages, guerres et destruction, déclin économique drastique et qui repart aujourd’hui à la conquête de son identité.
Pour se relever de la destruction massive de la Guerre et de la fermeture d’usines de transformation de produits de la mer et de hauts fourneaux jusqu’aux années 2000, elle innove et se réinvente. Fille des mers, elle met le cap sur la construction d’une mémoire collective autour d’une histoire deux fois millénaire mouvementée et d’une tradition de marins. Elle choisit de parier sur des démarches participatives et la valorisation d’une culture populaire.
Le port toujours en pleine activité, souligne partout son respect des marins et de ces longues traditions familiales. Des fresques géantes s’affichent sur les piliers pour raconter l’histoire d’hommes et femmes de labeur qui ont fait la renommée de Boulogne. Des restaurants s’ouvrent dans le coeur du port industriel et offrent un regard différent sur cet univers. Toute l’économie de la pêche et l’histoire de son industrie mériterait d’être racontée et de faire l’objet d’un parcours dédié. Tout comme le calvaire des marins sur les hauteurs, témoin toujours vivace des drames de la mer qui endeuillent chaque famille boulonnaise.
En ville, de nombreuses façades s’illuminent d’oeuvres de street art qui mettent en valeur le passé marin de Boulogne et d’autres thématiques. Des visites guidées sont organisées autour de ce parcours qui regroupe près d’une trentaine d’oeuvres d’artistes internationaux. Elles donnent un air effronté et pimpant à la ville et permettent de découvrir des quartiers méconnus grâce à la promotion de cette culture urbaine. Une valorisation de l’espace public qui a commencé dans les années 80 et créée un véritable sentiment d’appartenance et de fierté.
Les maisons mitoyennes de pêcheurs sur les hauteurs de la ville sont noircies par la fumée des anciennes industries. Les ruelles sinueuses pourraient proposer de futurs parcours de découvertes et rencontres avec l’histoire de familles de pêcheurs et marins locaux. Un mode de transmission expérientiel authentique qui permettrait de préserver et perpétrer un savoir-faire ou encore une langue, comme le patois d’une grande richesse lexicale liée à l’univers marin. Dans cette optique, le CDT du Pas de Calais a misé sur les habitants de la région en fédérant des habitants bénévoles qui accueillent gratuitement des visiteurs pour leur parler de leur territoire autrement : ce sont les Greeters qui fêtent cette année leur 10 ans d’existence. Une belle manière de mettre à l’honneur les habitants et leur rôle en tant qu’ambassadeurs d’un territoire.
Nausicaa, plus grand aquarium d’Europe est un atout en extension de la ville de Boulogne. Observatoire de la biodiversité marine, en pointe sur les techniques de préservation d’écosystèmes marins, pédagogique, théâtral, il impressionne et sensibilise. Entre plage et jardin, il positionne l’engagement de Boulogne avec la mer.
La vieille ville offre la découverte de beffroi, remparts, Cathédrale, château-comtal… Boulogne propose également des constructions très modernes le long de la Liane, repensée comme la colonne vertébrale de la ville, cet axe en plein développement qui va accueillir l’extension de Nausicaa, la création d’une salle des fêtes, d’un palais des congrès… Parallèlement, des travaux de restauration sont entrepris à la Cathédrale ainsi qu’une réhabilitation de la crypte médiévale qui propose un panel de visites agrémenté de différents outils de médiation pour mettre en valeur son patrimoine impressionnant.
Restera à miser sur les grands noms locaux comme celui d’Auguste Mariette, pionnier de l’Egyptologie moderne à l’origine de glorieuses découvertes qui ont enrichi les collections du Musée du Louvre notamment, encore trop peu connu. Et peut-être aussi sur ce lien ténu entre Boulogne-sur-Mer et Boulogne-Billancourt, qui a fait l’objet au printemps 2019 d’une belle rétrospective à l’occasion de la célébration des 700 ans de Boulogne-Billancourt.
« L’autre Boulogne » naît à l’initiative de Philippe le Bel, grand dévôt du culte marial, qui marie sa fille Isabelle au roi Edouard d’Angleterre en 1308 à Boulogne-sur-Mer aux pieds de la Vierge Nautonière, arrivée selon la légende, sur un bateau sans rame, ni voile, ni équipage, vénérée depuis 633. Un tel pélerinage est dangereux et long. L’idée d’un pélerinage sur la Seine plus proche du pouvoir royal germe dans l’esprit du roi et l’église de Boulogne-Billancourt, alors nouvellement appelée Boulogne-sur-Seyne sur des terres achetées aux ecclésiastiques, est consacrée en 1469. Restaurée au 19e siècle par des élèves de Viollet-Le-Duc, elle se laisse admirer de l’intérieur et a fait l’objet d’une exposition pédagogique jusqu’en avril 2019 à la Mairie de Boulogne-Billancourt autour de nombreuses manipulations en RV, maquettes, tablettes digitales…