Après la certification des Routes de la Via Francigena, des Chemins de Saint Jacques, des Impressionismes (Essoyes), des Clunisiens (Clairvaux), des Cisterciens (Vendeuvre), de Napoléon (Brienne le Château), et la Route des Templiers en construction, l’Aube accueille officiellement depuis le 14 mai, une huitième Route européenne qui traverse à présent son territoire: celle du Patrimoine juif.
La « Route médiévale de Rachi en Champagne » a été comprise par les collectivités, les divers partenaires et les membres du comité scientifique rassemblés pour l’occasion, comme l’opportunité de faire revivre un patrimoine oublié mais particulièrement fécond, du 11e au 14e siècles.
Le projet est porté par le Comité Départemental du Tourisme de l’Aube et accompagné par CulturistiQ. L’objectif est à terme, de proposer aux habitants et visiteurs la découverte originale d’un patrimoine historique et intellectuel immatériel, revalorisé au travers des différents sites remarquables de l’Aube, ancien Comté de Champagne.
C’est un pari audacieux, car aucun vestige matériel ne subsiste de la présence de ces communautés juives médiévales, dont la sagesse et les œuvres sont toujours renommées aujourd’hui dans le monde entier. Sur la base du patrimoine littéraire que nous ont laissé les commentateurs de la Bible et du Talmud à l’époque, l’enjeu sera de tout reconstruire et imaginer, prêter à voir ce qui n’est plus visible. Créer des passerelles, entre dispositifs de visite, ateliers destinés au jeune public ou projets scientifiques qui viendront éclairer les multiples facettes de ce pan du passé.
Ce type de revalorisation n’est plus un obstacle. Les outils de réalité virtuelle ou augmentée, le storytelling, le reconversion de sites en lieu d’accueil touristique ou culturel, la diffusion de la connaissance par des médias ludiques, se prêtent à toute forme d’innovation.
Mais dans un tel projet, l’imagination et le potentiel du patrimoine ne suffisent pas. La volonté de soutien des collectivités et des acteurs du territoire, culturels, touristiques, économiques, est essentielle.
A terme, cette Route a pour ambition de devenir un levier de diffusion et de promotion de l’histoire et des patrimoines de son territoire. Elle offrira des parcours culturels et touristiques diversifiés pour enrichir l’offre existante et croiser d’autres Routes Européennes locales. En ce sens, elle est également pensée comme un levier économique pour développer certaines parties de la destination, parfois en déficit touristique. C’est également une façon de mieux comprendre, connaître et étudier le territoire et de se réapproprier son histoire. Car au-delà d’un héritage juif, ce patrimoine a légué d’immenses témoignages sur la vie quotidienne champenoise et les relations entre communautés, ainsi que sur le dialecte de la langue d’Oïl parlé dans la région, ancêtre du français. Un héritage qui appartient à tous. Le début d’une nouvelle aventure pour l’Aube.