Lectures hétéroclites pour voyager malgré tout

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Les beaux jours approchent et avec eux les projets motivants d’éventuelles futures vacances ou week-ends de découvertes. Les offres touristiques sont multiples et répondent à toutes les attentes et budgets. Les vacances sont synonymes de dépaysement, de cap, d’expectatives, de changement, de transition, de ressourcement… A anticiper donc.

D’autant plus lorsque cette liberté de choix et de mouvement nous est tout à coup retirée. En période de confinement, situation anxiogène et d’incertitudes, l’occasion se prête à prendre enfin le temps de se renseigner sur de nouvelles destinations, des pratiques inédites de voyage, des choix de vacances différents… A défaut de pouvoir « partir » ou se déplacer, s’évader virtuellement permet de s’échapper du quotidien et/ou de faire l’expérience d’un voyage en amont. Une préparation qui est parfois la partie la plus stimulante du voyage !

Pour cela, à découvrir, relire ou méditer, une suggestion de lectures hétéroclites pour plonger sur d’autres chemins et repenser le voyage et le tourisme et se projeter pour garder le moral. Quel que soit le type de séjour envisagé, l’essentiel est de lui donner du sens, entre altérité et authenticité. A construire autour de rencontres conscientes avec des environnements et des contacts multiples et inattendus, qui interpellent et enrichissent la philosophie du voyage. A condition d’accepter de se laisser surprendre et de sortir des sentiers battus, parfois tout simplement au coin de sa rue.

Quelques pistes donc,

sur les pas des grands écrivains et reporters endurants, Albert Londres, Joseph Kessel ou Nicolas Bouvier, fins observateurs engagés et enquêteurs au bout du monde, aventuriers, témoins et passeurs de l’Histoire,

grâce aux recherches et défis passionnants de scientifiques tels que François-Xavier Fauvelle et son « Rhinocéros d’or, histoires du Moyen-Âge africain » aux éditions folio histoire 2014, qui offre une traversée des vestiges archéologiques actuels de l’Afrique par le prisme de son passé médiéval. Ou « Les carnets de Théodore Monod » publiés en 1999 pour revivre les missions du naturaliste dans les déserts ou les fonds marins,

par la justesse désopilante des entrées du dictionnaire de Gérald Berche-Ngô qui analyse les pratiques communes et caricaturales de nos voyages et de nos références au tourisme… Et sourire du jet-lag, des croisières à la mode, du rôle sociologique de la carte postale ou de la grande histoire de la valise…

Ou encore, en cultivant « l’art d’être un bon touriste » comme le préconise Johan Idema qui donne des pistes pour bien vivre ses vacances en restant chez soi, à contre-courant du tourisme de masse, en choisissant de redécouvrir son quotidien de manière originale et insolite. Et d’adopter une pratique responsable de ses voyages.

Le choix est vaste.

Les BD sont également de parfaites compagnes d’évasion. Les plus classiques comme les récits d’Hugo Pratt, nous proposent des tours du monde vintage ou décalés. D’autres plus ciblées, tels que « les Carnets d’Orient » de Jacques Ferrandez, offrent à redécouvrir des destinations autrement. Cette fresque vivante et émouvante des paysages lumineux, de l’âme et de l’identité de l’Algérie depuis 1830, mène à la rencontre de ses habitants et de destins poignants dans une histoire douloureuse, ballotée entre l’occupation de l’Empire Ottoman et celle de la France coloniale.

Pour ceux qui préfèrent les écrans, de nombreux sites permettent de voyager gratis, comme le Grand Palais qui, à défaut de pouvoir ouvrir sa nouvelle exposition « Pompéi » le 25 mars dernier, propose ce mois-ci des films, documentaires et jeux en ligne à tous les publics sur cette thématique. Et rappelle combien, Pompéi, aujourd’hui inscrite sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO et victime du surtourisme, a été l’un des tous premiers sites touristiques dès le 18e siècle. Découvrez Pompéi chez vous ou sur le numéro 244 de DADA.

De nombreuses autres occasions d’évasion et d’inspiration sont accessibles en ligne. Le site du ministère de la Culture, propose une visite libre ou guidée de la grotte Chauvet.

Celui de la Bnf offre un ensemble d’expositions virtuelles relatives aux « cartes et globes » : « Le monde en sphères » réalisée en partenariat avec Total Foundation et DNP vaut le détour pour un usage éclairé des globes terrestres et du ciel.

En soutien à l’Italie et à l’Espagne également confinés, quelques joyaux à visiter depuis son canapé, grâce à l’UCEI qui met à disposition des publics, la découverte du patrimoine juif italien en ligne. Et celles du patrimoine romain de Tarragona en Catalogne ou de l’Alcazar de Sevilla comme vous ne l’avez jamais vu, sans files d’attente ni l’ombre d’un chat dans les patios ombragés.

Sans oublier le site de l’UNESCO qui nous ouvre en images, l’accès documenté à 313 sites classés au patrimoine mondial de l’humanité.

Plusieurs exemples du potentiel touristique des outils numériques à développer et à inventer pour décharger les lieux encombrés. Aucun prétexte non plus à être en manque d’idées ou de ne pas pouvoir rêver pendant le confinement !

à propos de

Delphine YAGÜE

Consultante en ingénierie culturelle et touristique - Fondatrice de CulturistiQ

Delphine YAGÜE a créé CulturistiQ Laboratoire culturel en 2016 à l’issue de 20 années professionnelles dans la gestion de projets.

Issue d’une double formation en marketing et en histoire des sociétés et religions, elle est également guide-conférencière (GC 2110005P) et formatrice agréée par le CEJI (projet européen Networks Overcoming Antisemitism) pour la lutte contre l’antisémitisme.

Sa vision globale de vos besoins révèle la personnalité de vos projets pour mieux les adapter à vos publics et clients.

En janvier 2021, Delphine Yagüe a été décorée de la Médaille du Tourisme échelon bronze pour ses missions et engagements.