Pépites toscanes hors des sentiers battus

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Pise, Sienne, Florence…, archi touristiques par excellence. Difficile de rentrer à la Galerie des Offices sans avoir réservé ou sans s’armer de patience pour le Duomo de Pise, son campanile (la célèbre tour), le camposanto et le baptistère et les musées attenants, de l’Oeuvre et de la Sinopie, bondés de monde. Sites patrimoniaux les plus pébiscités avec raison.

A Pise, peut choisir de voir le complexe de l’intérieur, de l’extérieur depuis les pelouses, ou sur les hauteurs de la tour. Ce raffinement architectural issu des influences islamiques, byzantines et latines est un capolavoro. Détruit en partie pendant la seconde guerre mondiale par les américains, il a été et est encore actuellement en travaux, sublimement restauré.

Mais d’autres approches sont possibles, plus simples d’accès, plus secrètes ou plus tranquilles ou authentiques qui permettent de découvrir hors des flots de touristes, l’art de vivre, l’élégance et la douceur de la Toscane de manière plus intime.

Prendre de la hauteur

Traverser Pise du haut des 11 mètres de sa muraille? Une expérience de #slowtourisme à privilégier pour un autre regard sur la ville.
L’accueil est organisé à différentes étapes des 3 km de parcours par des étudiants et l’application Muradipisa est téléchargeable en amont pour se laisser guider au cours de la balade.

Plusieurs quartiers sont visibles avec des pépites comme l’ancienne usine textile Marzotto – devenue l’université de Mathématiques Physique et Sciences naturelles -, les vestiges de l’aqueduc des Medicis ou encore les maisons pisaines en plein centre ville et leurs jardins au charme fou.

Le parcours se termine en beauté sur des vues imprenables d’un côté sur le complexe santosacro-duomo-baptistère-tour de Pise et de l’autre au pied de la muraille, le cimetière juif datant du 15e siècle. Un lieu sépulture toujours utilisé aujourd’hui par la petite Communauté juive de Pise mais ouvert au public le dimanche et le mercredi comme lieu de #patrimoinehistorique local.

Les murailles sont ouvertes uniquement de mars à août. Les accès ne sont pas évidents à trouver. Mais l’expérience vaut un petit d’effort de recherche !

In supremae dignitatis

L’Université de Pise existe officiellement depuis 1343. Les étudiants se regroupaient alors autour de maitres renommés dans différents sites de la ville. Mais au 15e siècle nait la Sapienza, une université construite par les Medicis, qui occupe la place d’un ancien marché médiéval près du fleuve Arno.
Au cours des siècles le bâtiment évolue. La cour centrale et l’escalier sont des chefs d’œuvre.

Actuellement la Sapienza abrite la faculté de Droit et la bibliothèque universitaire qui compte dans ses collections une centaine d’incunables, de lettres et manuscrits parmi lesquels certains de la main de Galileo Galilei.
Pise compte environ 50000 étudiants, soit la moitié de la population de la ville, répartis sur différents campus.

Le campus d’Histoire et de Philosophie et celui des Antiquités et de Linguistique des mondes germaniques et slaves se trouvent en centre ville, tout proche du Duomo, autour d’un jardin bucolique sur les sites d’anciens monastères dont on peut découvrir les vestiges restaurés et reconvertis en incroyables bibliothèques.
Plusieurs panneauxs d’information sur l’évolution de ces bâtiments et des fouilles qui y ont été réalisées sont rappelées au public. L’entrée est réservée aux étudiants et au personnel.

Précieux jardin botanique

Tout proche du Duomo, il est possible d’admirer la Tour depuis la tranquillité du jardin botanique à deux pas, pour en découvrir une vue originale au milieu des senteurs de centaines d’essences et des camaïeux de verts.

Le petit musée est intéressant et interactif même si les cartels sont un peu longs.

Il rappelle les grands noms des botanistes toscans depuis la Renaissance et leurs travaux. Il s’agit du plus vieux jardin botanique universitaire du monde. Où se promenait déjà l’étudiant pisain Galileo Galilei qui vivait à quelques centaines de mètres…

Une synagogue Renaissance

Quelle émouvante rencontre avec la petite communauté juive de Pise, qui malgré les aléas, le manque de force vive et l’absence de rabbin, tient à marquer le calendrier des fêtes annuelles, à conserver les traditions et à accueillir fidèles et touristes dans ce splendide bâtiment du 14e siècle devenu synagogue en 1595.

Une première restauration au 19e siècle a marqué l’architecture intérieure et en garde la finesse et l’élégance.

Du 16e siècle est conservé à l’entrée un aron haqodech, une armoire pour les rouleaux de la Torah. Elle aussi restaurée et redécouverte par hasard derrière des couches de peinture successives en 2015 lors d’une seconde restauration qui a duré 7 ans…

Une impression de douceur immense se dégage de la salle de prière avec son plafond, ses candélabres, son mobilier en bois et ses rideaux damassés rose.
La mekhitsa, séparation symbolique entre hommes et femmes pendant le culte est remplacée par une allée de plantes. Auparavant les femmes montaient au balcon, aujourd’hui inutilisé.

La façade est lumineuse mais rien ne semble indiquer qu’il s’agit d’une synagogue, à l’exception peut être des ferronneries des fenêtres en forme de Tables de la Loi si on y prête attention.

Un panneau touristique totalement écaillé et effacé par le soleil donne quelques indications trilingues. Mais un programme rodé de la visite de la synagogue et du cimetière, délégué à Culturecoop permet d’ouvrir régulièrement les lieux au grand public et aux scolaires en visites guidées disponibles en italien ou en anglais
Une thématique spécifique « l’arbre de la mémoire » développée en atelier permet aussi aux enfants de se connaître l’histoire de Samuele, un petit garcon pisain pendant la #shoah

Une histoire de marins

L’ancien Arsenal de Pise construit il y 400 ans par les Medicis pour accroître leur pouvoir naval, abrite le musée Navi di Pisa depuis 2016. Les bâtiments n’étaient plus utilisés depuis les années 60 après avoir servi pour la cavalerie pendant 200 ans.

Lorsque 30 navires romains et leurs cargaisons en bon état de conservation sont découverts en 1999 près de la station de train San Rossore, le lieu s’impose comme futur musée. L’Arsenal retrouve un peu de sa vocation maritime avec une restauration impeccable.

L’espace est immense et se prête parfaitement à un #parcoursmuséographique en 8 étapes, dans chaque box de chaque travée de l’arsenal. Une belle fresque de la #viemaritime romaine racontée autour des principales épaves exposées et reconstituées.
On y apprend le passé maritime de Pise au bord des fleuves, les réalités du commerce méditerranéen, la vie à bord… Alkedo est le navire star dont on peut observer les vestiges et sa maquette à l’échelle.

Beaucoup de textes, un peu sombre, mais des #outilsnumériques intéressants comme un « planétarium » qui permet de « naviguer » sous les étoiles pour comprendre les techniques et outils de navigation antiques.

Ce trésor impressionnant trouvé à 6 mètres de profondeur a fait à l’époque, la renommée de Pise et le bonheur de nombreux archéologues du monde entier.

Le must de l'Art Sacré

Le Museo Nazionale di San Matteo situé dans l’ancien couvent éponyme, présente une collection d’œuvres impressionnante d’éminents artistes pisans et toscans du 12e au 17e siècle tels que les Pisano, Cecco di Pietro, Fra Angelico…
Avec notamment une collection de crucifix peints sur bois remarquable, des retables, polyptyques et des madones de toute beauté ainsi que des sculptures et des céramiques en provenance de tout le bassin méditerranéen, issus des églises locales.

Un must de l’art médiéval, un régal dans chaque salle et peu de monde !

Les textes des panneaux du parcours sont un peu longs et ardus mais traduits en anglais. Certains QR code permettent d’accéder à des vidéos à défaut d’outils de médiation spécifiques.

Le monastère de Calci

La chartreuse de Calci en Toscane est un véritable bijou d’architecture, de trompe l’oeil et de fresques. Créée en 1366, elle a été agrandie au cours des siècles et présente un raffinement particulier aux 17e et 18e siècle, à découvrir à chaque détour.

Quinze moines et des frères convers ont vécu dans les lieux jusqu’en 1972, sous la règle de Saint Bruno de Cologne.

Les nombreuses chapelles, les cellules, les clîtres, les appartements des visiteurs et pèlerins de passage sont un émerveillement. La visite guidée est oligatoire et la réservation fortement recommadée en période haute. Le site abrite également une partie du muséum naturel de pise.

Un joyau à visiter au pied de la Verruca, avant une petite randonnée bien méritée !

Lucca la lumineuse

Lucca, à 20 minutes au nord de Pise, accessible très facilement par le train, est une ville de 90 000 habitants particulièrement connue aujourd’hui pour son festival international #ComicsetGames, depuis 1965, le plus grand et le plus ancien festival de #bandesdessinées européen

A foison, des églises, une cathédrale, des villas, des tours, sa belle place de l’amphithéâtre et des musées hors ou à l’intérieur des fameux remparts Renaissance. Exemple de la villa Bottini, un lieu d’exposition gratuit sous ses impressionnants plafonds peints…

Lorsque Lucca est conquise par les Français en 1799, Napoléon Ier l’offre comme principauté à sa soeur Élisa Bonaparte. Une riche exposition à San Micheletto « Le Lettere di Elisa, cosi governava la principessa di Lucca », rapporte les témoignages et habitudes d’écriture d’Elisa dans la gestion de Lucca, une plongée dans l’époque moderne, avec la présentation d’une collection de 200 lettres.

Des tours à perte de vue à San Gimignano

D’un charme fou, la petite ville d’architecture médiévale San Gimignano au cœur de la Toscane à connu ses heures de gloire grâce à la Via Francigena et notamment à la culture du safran.
Ses riches habitants ont alors rivalisé de zèle pour construire des maisons-tours par dizaines toutes plus hautes les unes que les autres, jusqu’à plus de 50 mètres. Certaines se visitent encore comme celle du Palazzo del Popolo.

En 1300, la ville accueille même un illustre ambassadeur Dante Alighieri.
Le Duomo et les églises, sont des miracles d’art typiquement toscan et présentent des fresques de toute beauté.

La municipalite a choisi de fonctionner avec des entrées par roulement dans les édifices du fait du nombre de touristes pour éviter la cohue. Une fois sortis on ne peut plus y entrer. Un système qui fluidifie assez le flux des visiteurs.

Le point de vue sur la ville en arrivant par les petites routes vallonnées vaut vraiment un petit arrêt.

Ainsi que les épiceries pour manger sur le pouce sur le bord des routes de campagne, accueillantes, chaleureuses et délicieuses, tenues par des agriculteurs locaux. Rencontres au sommet garanties !

La route est toute tracée. A pied, à vélo ou en train c’est aussi possible !

à propos de

Delphine YAGÜE

Consultante en ingénierie culturelle et touristique - Fondatrice de CulturistiQ

Delphine YAGÜE a créé CulturistiQ Laboratoire culturel en 2016 à l’issue de 20 années professionnelles dans la gestion de projets.

Issue d’une double formation en marketing et en histoire des sociétés et religions, elle est également guide-conférencière (GC 2110005P) et formatrice agréée par le CEJI (projet européen Networks Overcoming Antisemitism) pour la lutte contre l’antisémitisme.

Sa vision globale de vos besoins révèle la personnalité de vos projets pour mieux les adapter à vos publics et clients.

En janvier 2021, Delphine Yagüe a été décorée de la Médaille du Tourisme échelon bronze pour ses missions et engagements.